A l’issue de son 28e sommet, l’OTAN serre les rangs face à Pékin et Moscou

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Ils ont décidé de faire front commun contre les ambitions déclarées de la Chine en Europe et « la menace grandissante » du renforcement militaire de la Russie. La déclaration adoptée, lundi 14 juin, par les dirigeants des trente pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) témoigne des préoccupations des alliés : la Russie, la Chine, les nouvelles menaces dans l’espace et le cyberespace, le terrorisme, la montée des régimes autoritaires.

La Russie au cœur des préoccupations

La Russie reste la préoccupation numéro un de l’Alliance atlantique, comme l’appuie la conclusion adoptée lors de ce 28e sommet de l’OTAN :

« Le renforcement militaire croissant de la Russie, sa posture plus affirmée, ses nouvelles capacités militaires innovantes et ses activités provocatrices, notamment à proximité des frontières de l’OTAN (…), constituent une menace grandissante pour la sécurité de la zone euro-atlantique et contribuent à l’instabilité le long des frontières de l’OTAN et au-delà. »

« La stratégie nucléaire de la Russie ainsi que son programme complet de modernisation, de diversification et d’expansion de ses systèmes d’armes nucléaires – y compris l’augmentation du nombre de ses armes nucléaires non stratégiques et leur perfectionnement – contribuent toujours davantage à une posture d’intimidation stratégique se faisant plus agressive », souligne également la déclaration.

Les alliés dénoncent par ailleurs « l’intensification des activités hybrides », notamment « des tentatives d’ingérence dans les élections et les processus démocratiques des pays de l’Alliance », « des campagnes de désinformation à grande échelle » et des « actes de cybermalveillance qui ciblent et perturbent le fonctionnement des infrastructures critiques des pays de l’OTAN ».

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« Tant que la Russie ne démontre pas qu’elle respecte le droit international ainsi que ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale », ont averti les alliés. Mais « nous restons ouverts à un dialogue périodique et substantiel », ont-ils assuré.

« Nous allons adresser un message important à Moscou : nous restons unis et la Russie ne saura nous diviser », a prévenu le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg. Cette déclaration intervient alors que le président des Etats-Unis, Joe Biden, doit rencontrer le président russe, Vladimir Poutine, mercredi à Genève (Suisse), dernière étape de son périple en Europe.

Les ambitions de la Chine dans le viseur

La Chine est également devenue une source de préoccupation pour les membres de l’OTAN. « Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement déterminé représentent des défis systémiques pour l’ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l’importance pour la sécurité de l’Alliance », affirment-ils encore dans leur déclaration.

« La Chine accroît rapidement son arsenal nucléaire, se dotant d’un plus grand nombre d’ogives et de vecteurs perfectionnés pour établir une triade nucléaire, souligne le texte. Elle coopère aussi militairement avec la Russie, notamment en participant aux exercices russes dans la zone euro-atlantique ».

Les alliés veulent maintenir un « dialogue constructif » avec Pékin « lorsque cela est possible » et appellent la Chine à « respecter ses engagements internationaux et à agir de manière responsable dans les milieux spatial, cyber et maritime, en conformité avec son rôle de grande puissance ».

« La Chine n’est pas notre adversaire, notre ennemi, a soutenu M. Stoltenberg. Mais nous devons faire face aux défis posés par la Chine pour notre sécurité ». « Nous constatons que la Russie et la Chine coopèrent de plus en plus ces derniers temps, tant sur le plan politique que militaire. Cela représente une nouvelle dimension et un défi sérieux pour l’OTAN », a-t-il expliqué.

M. Biden a obtenu que « le défi sécuritaire posé par la Chine figure dans la déclaration », même si certains alliés européens, notamment la France, renâclaient.

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Maintenir une présence occidentale en Afghanistan

Lundi, l’OTAN a en effet tourné la page Donald Trump, rassurée par la volonté affichée de M. Biden de « revitaliser » les alliances des Etats-Unis. Si le retrait américain d’Afghanistan, décidé sans concertation avec ses alliés, a mis à mal la crédibilité des opérations extérieures de l’organisation, les alliés ne veulent pas laisser ce pays aux talibans.

Un financement sera accordé pour assurer le fonctionnement de l’aéroport international de Kaboul, indispensable au maintien d’une présence occidentale en Afghanistan. La Turquie a proposé de maintenir un contingent pour assurer sa sécurité et les modalités de cette contribution militaire ont été discutées par le président Recep Tayyip Erdogan avec ses homologues.

« L’Alliance doit se consulter davantage et mieux investir », a également plaidé M. Stoltenberg. Les Européens s’y disent prêts, après avoir obtenu la reconnaissance de leur contribution à la sécurité collective. Encore faut-il que les Américains les jugent « fiables ». Vingt et un pays de l’Union européenne sont membres de l’OTAN, mais huit seulement tiennent l’engagement de consacrer 2 % de leur produit intérieur brut à leurs dépenses militaires. La France est du nombre, contrairement à l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

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Le Monde avec AFP

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