C’est un énorme pas vers la liberté pour Tuna Altinel, ressortissant turc et maître de conférences à l’université Claude-Bernard-Lyon-I, dont le passeport a été confisqué par Ankara, et qui est bloqué en Turquie depuis 2019. Son comité de soutien a annoncé sur Twitter, jeudi 27 mai, qu’il avait pu récupérer le précieux document.
Ce collectif a publié la photo d’un document attestant la remise du passeport de l’enseignant, précisant que la préfecture avait fait appel du jugement ayant permis à M. Altinel de récupérer son titre de voyage.
Suite au jugement du TA du 25 janvier 2021, @TunaAltinel a récupéré son #PassportForTuna.
La Préfecture de Balıkes… https://t.co/NzT7meXh24
— SoutienTuna (@Comité de soutien à Tuna Altınel)
Arrêté et emprisonné en Turquie pour « terrorisme », puis acquitté, Tuna Altinel était empêché de rentrer en France à cause du refus des autorités turques de lui rendre son passeport.
« Je remercie toutes celles et ceux qui ont été solidaires (…). Le combat pour la paix, la justice, la démocratie continue », a réagi M. Altinel sur Twitter.
« Je suis l’otage de l’Etat turc », avait déclaré M. Altinel, reconnu dans les milieux académiques pour ses travaux sur la logique mathématique et la théorie des groupes, lors d’un entretien en mars à l’Agence France-Presse (AFP). Son cas était devenu un des symboles de la répression contre le monde académique et les milieux prokurdes, qui s’est renforcée après une tentative de putsch contre le président Recep Tayyip Erdogan en 2016.
Acquitté mais bloqué
Pour ce maître de conférences à l’Université Claude-Bernard à Lyon (centre-est de la France), où il vivait depuis 25 ans, le cauchemar avait commencé en mai 2019. Alors qu’il se trouvait en Turquie en vacances, il a appris qu’il ne pouvait pas quitter le territoire car il était accusé d’« appartenir à une organisation terroriste ».
Incarcéré dans la foulée, il est jugé pour « propagande terroriste » pour avoir participé en France à la réunion d’une amicale kurde, lors de laquelle il a servi d’interprète. Libéré en juillet 2019, il est acquitté en janvier 2020. Alors qu’il pensait pouvoir rentrer à Lyon et « reprendre sa vie » après cet acquittement, M. Altinel s’est vu refuser la restitution de son passeport à plusieurs reprises, « sans aucune motivation ».
Son université avait voté début avril une motion demandant au président français Emmanuel Macron « de tout mettre en œuvre » pour qu’il « puisse revenir en France dans les plus brefs délais ».