Face à la guerre en Ukraine, les Occidentaux ont décidé d’envoyer armes et soutiens financiers à Kiev. Le point sur cette solidarité
L’Ukraine est «laissée seule» face à la Russie regrettait le président ukrainien Volodymyr Zelensky jeudi 24 février, au premier jour de la guerre. Poussés par l’espoir de faire revenir Vladimir Poutine à la table des négociations, les Occidentaux ont d’abord hésité avant d’offrir une aide directe à Kiev. Une illusion rapidement envolée face à l’entêtement de Moscou à poursuivre son offensive. Constat fait, les alliés européens et nord-américains principalement, n’ont cessé d’augmenter les dons et soutiens à l’Ukraine. D’abord humanitaire, dans les premières heures du conflit, les envois se sont rapidement mis à comprendre des équipements militaires et des armes. Tour d’horizon des pays qui viennent en aide à l’Ukraine.
L’Union européenne : ensemble et individuellement, les 27 s’engagent
Non seulement les États membres ont réussi rapidement à s’accorder sur un large éventail de sanctions, mais aussi sur plusieurs tranches d’aides à l’Ukraine. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a promis mardi 1er mars d’engager au moins 500 millions d’euros du budget européen pour l’assistance humanitaire. En outre, Bruxelles va financer l’achat et la livraison d’armements et d’autres équipements à l’Ukraine. Des États membres sont même disposés à fournir des avions de combat, a ajouté dimanche soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
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La France a fait partie des premiers pays à avoir annoncé officiellement l’envoi de dons. Tout d’abord par une aide économique de 300 millions d’euros. Puis rapidement Emmanuel Macron a évoqué l’idée de «livrer des matériels militaires et de soutien à la population». Kiev a d’ores et déjà commencé à recevoir les premiers convois. Un premier envoi de 33 tonnes de fret d’urgence acheminé par quatre camions est arrivé hier en Pologne et a été remis aux autorités ukrainiennes. Un second convoi avec 8 tonnes de fret médical d’urgence devrait lui aussi être arrivé.
L’Allemagne, sans livrer elle-même d’armes à l’Ukraine, a fait un grand pas en rompant sa politique d’interdiction de toute exportation d’armes létales en zone de conflit. Berlin a permis la livraison à Kiev de 1000 lance-roquettes antichar, de 500 missiles sol-air Stinger et neuf obusiers. Concrètement, les livraisons de lance-roquettes vont être effectuées par les Pays-Bas, et les obusiers par l’Estonie. Ces deux pays avaient à l’origine acquis ces équipements auprès de l’Allemagne et avaient besoin d’un feu vert de Berlin pour pouvoir les réexporter vers Kiev. En parallèle, Berlin a annoncé l’envoi à l’Ukraine de 14 véhicules blindés ainsi que de 10.000 tonnes de carburant «via la Pologne». Sur le plan humanitaire 16 millions d’euros ont été débloqués «l’aide de première nécessité».
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De leur côté, les Pays-Bas ont annoncé avoir envoyé des fusils de précision, des casques et espèrent ajouter «dès que possible» 200 missiles antiaériens Stinger. En parallèle Amsterdam va envoyer 20 millions d’euros en aide humanitaire (nourriture, eau et soins médicaux pour les déplacés). La Belgique a affirmé fournir à Kiev 2000 mitrailleuses et 3800 tonnes de fuel.
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L’Espagne va envoyer 20 tonnes d’aides à l’Ukraine, essentiellement du matériel médical et des équipements défensifs comme des gilets pare-balles. Le premier ministre a annoncé ce mercredi 2 mars l’envoi prochain de «matériel militaire offensif». Le Portugal va livrer notamment «des gilets, des casques, des lunettes de vision nocturne, des grenades, des munitions de différents calibres» ou encore des «fusils automatiques G3».
L’Italie a envoyé la fourniture de matériel militaire, sans détails et a versé 110 millions d’euros d’aide au gouvernement ukrainien. Même retenue pour l’Autriche. Vienne prévoit 15 millions d’euros d’aide humanitaire, en plus des 2,5 millions décidés la semaine dernière. Ce pays envoie par ailleurs des casques et gilets de protection pour les secouristes, et 100.000 litres de carburant. La Grèce va envoyer «des équipements défensifs» et une aide humanitaire à l’Ukraine. Aucune précision n’a été communiquée sur le type de matériel qui sera expédié.
La Croatie va envoyer pour 16 millions d’euros d’équipements de protection et d’armes légères. La Slovénie a envoyé des fusils, des munitions et des casques. La République tchèque a ainsi décidé d’envoyer pour 7,6 millions d’euros d’armements, parmi lesquels 30.000 pistolets, 7.000 fusils d’assaut, 3.000 fusils-mitrailleurs et plusieurs dizaines de fusils de précision ainsi qu’un million de cartouches. En janvier, Prague avait déjà approuvé un don à Kiev de quatre mille obus d’artillerie d’une valeur de 1,5 million d’euros. Le gouvernement roumain va expédier à Kiev «du combustible, des gilets pare-balles, des casques, des munitions et d’autres équipements militaires, pour un coût total de 3 millions d’euros»
Parmi les pays du Nord, La Suède a ainsi rapidement décidé d’offrir son soutien «militaire, technique et humanitaire». Cette aide comprendra notamment des armes antichars. Plus historique encore est la décision de la Finlande, frontalier de la Russie et non-aligné, qui va faire parvenir à Kiev, en plus de 70.000 rations de campagne, des armes létales, dont 2.500 fusils d’assaut, 1500 lance-roquettes et des munitions.
Le Danemark a annoncé dimanche l’envoi de 2.700 armes antichars. 150 millions de couronnes (20,1 millions d’euros) d’aide humanitaire à l’Ukraine, qui s’ajoutent aux 50 millions annoncés vendredi, ainsi qu’au don d’équipements civils et d’un hôpital mobile à l’Ukraine.
Le Royaume Uni
Le Royaume-Uni a annoncé dimanche qu’il allait envoyer à l’Ukraine une aide humanitaire supplémentaire de 40 millions de livres sterling
La Norvège
La Norvège, qui avait déjà annoncé la fourniture d’équipements tels que des casques et des gilets pare-balles, a indiqué lundi qu’elle donnerait aussi à Kiev jusqu’à 2.000 armes antichars de type M72. Oslo a annoncé avoir mis de côté quelque 200 millions d’euros qu’elle déboursera au fur et à mesure des besoins exprimés par les organisations humanitaires.
L’Amérique du Nord
L’Amérique du Nord n’est pas en reste. Les États-Unis ont annoncé samedi 26 février, fournir une nouvelle aide militaire d’un montant de 350 millions de dollars. «Cette aide comprendra de nouveaux moyens militaires défensifs qui permettront à l’Ukraine de combattre les menaces blindées, aéroportées et autres auxquelles elle fait face aujourd’hui», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Au total l’Oncle Sam a débloqué plus d’un milliard de dollars sur l’année écoulée pour soutenir Kiev. En parallèle 54 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire ont été débloqués.
Le gouvernement canadien a annoncé dimanche l’envoi d’équipement militaire de protection, comme des casques et des gilets pare-balles.
Le reste du monde
Hors Europe et Amérique du Nord, Israël va fournir 100 tonnes de matériel humanitaire. Il s’agit de «purificateurs d’eau, de matériel médical, de médicaments, de tentes, de couvertures et sacs de couchage et d’autres aides pouvant assister les civils se trouvant hors de chez eux dans le froid».
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En Turquie, la Direction de la gestion des catastrophes et des situations urgentes (AFAD) a annoncé l’envoi en Moldavie de trois véhicules longs d’aide humanitaire pour les réfugiés ukrainiens. Le Croissant rouge turc a acheminé de l’aide à la frontière Ukraine-Roumanie, en coopération avec la Croix rouge roumaine. Il a aussi annoncé l’envoi d’aide humanitaire en Ukraine.
Les institutions internationales misent à contribution
L’ONU a été la première institution à débloquer des fonds. Lors d’une allocution aux médias le secrétaire général de l’Organisation, Antonio Guterres, a ainsi déclaré «nous allons immédiatement attribuer 20 millions de dollars» pour les besoins d’urgence. Un coup de pouce qui ne devrait être qu’une première étape. L’organisation a parallèlement lancé un appel d’urgence pour lever 1,7 milliard de dollars. «Nous assistons à ce qui pourrait devenir la plus grave crise de réfugiés en Europe de ce siècle», a lancé Filippo Grandi, le haut-commissaire de l’ONU chargé des réfugiés.
Le FMI a aussi été appelé à la rescousse. «Nous explorons toutes les options pour un soutien financier», y compris dans le cadre du programme d’aide de 2,2 milliards de dollars qui devait être déployé en Ukraine d’ici le mois de juin, et «les autorités ont également sollicité un financement d’urgence du FMI», a déclaré sa directrice générale Kristalina Georgieva.
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Autre institution internationale au secours du pays : la Banque mondiale. «Nous préparons un ensemble de mesures de soutien de 3 milliards de dollars dans les mois à venir, en commençant par (…) un décaissement rapide d’au moins 350 millions de dollars, qui sera soumis au Conseil d’administration pour approbation cette semaine», a indiqué l’institution dans un communiqué conjoint avec le FMI. Ce décaissement sera suivi de 200 millions de dollars «pour la santé et l’éducation».
Par Thomas Engrand et AFP agence